L'Oeil du Xeul

"Nous vivons à une époque où le superflu est notre nécessité" O. Wilde

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Lieu : Paris, France

Alex Gaudin est Planneur Stratégique dans une agence de publicité. Après des études de sociologie sur les Sounds System Techno, part travailler en Afrique du Sud pendant un an, avant de revenir s'investir en France dans le domaine culturel, à travers l'organisation de concerts pour des artistes de jazz. Travaille également pendant dix ans au sein du Montreux Jazz Festival.

20 novembre 2009

Quand la main justifie la fin




















Ah le beau débat ! Alors le foot, ce ne serait que ça : pas vu, pas pris ?
Face à face, deux camps s’affrontent : ligue de la vertu contre ligue du pragmatisme.
Et si le plus gênant n’était pas que la main d’Henry soit volontaire (ce qui laisse peu de doute au vu de l’action) mais plutôt ce qui se cache derrière ce vrai-faux débat sur le fair-play du football.
Car finalement, cette main, que nous dit-elle ?
Elle rappelle à chacun ce qu’est le football moderne, l’incarnation d’un modèle de management qui repose sur le culte de l’efficacité et du retour sur investissement.
Le footballeur moderne est un produit financier, qui offre les mêmes caractéristiques de mobilité et de volatilité.
Individualiste par essence, le footballeur moderne n’a pas d’états d’âme, ou alors si – comme le récent suicide d’un gardien allemand en témoigne – celui de la peur de perdre.
Et pour ne pas perdre un match - ou une part de marché si on préfère, tous les moyens sont bons.
C’est la morale de l’histoire, confirmée par notre président : « C'était dans la douleur mais l'essentiel est là : la France est qualifiée ».

19 novembre 2009

Créatif ou plagiat ?

Voici le visuel d'une récente campagne italienne de sensibilisation aux abus sexuels sur enfants



















Et voici une photo d'un travail réalisé par le photographe Philippe Toledano



Et si c'était ça la différence entre un créatif publicitaire et un artiste ?

16 novembre 2009

Le DD vu par un enfant de 4 ans.














Mon fils de 4 ans et demi vendredi soir devant Thalassa.
"Tu sais papa, ils ont dit à la TV, que le soleil il chauffe, il chauffe très très fort. Et la mer, elle va monter, monter, monter. Et après, la mer, elle avance, avance, avance. Et après, ils ont dit, la terre, elle est recouverte par la mer. Dis, c'est vrai papa ?".

13 novembre 2009

Hortefeux ou l’indignité nationale




















Ainsi l’ami Brice s’engage sur un pacte de « tranquillité nationale ». Et d’ajouter qu’ « il y aura autant de lois que de problèmes à régler » et qu’il « n’hésitera pas à porter plainte quand les forces de l’ordre sont accusées à tort ».
Le meilleur ami de trente ans du président, meilleure des recommandations possibles et faisant œuvre de certificat de compétence, semble au quotidien s’exercer dans un concours de cours de récré avec son ami Besson.
C’est à celui qui ira plus loin, plus vite, plus fort dans la bêtise, la démagogie poujadiste, la posture revancharde de celui qui prétend défendre les faibles et les opprimés.
Qu’est-ce donc que la « tranquillité nationale » ?
Hortefeux nous répond par l’ambition de garantir « une vie paisible et tranquille à tous les honnêtes gens, quels qu’ils soient et où qu’ils soient, dans nos quartiers et nos campagnes ».
Dormez tranquilles braves gens, l’ami de la vidéosurveillance érigée en panoptique socialement inefficace, sera à vos côtés pour prodiguer de la tranquillité au quotidien.
Tranquille comme à Montauban où il faut péniblement un mois à la police pour enfin se préoccuper d’interpeller les suspects crétins racistes et connus de tous, auteurs d’une bastonnade en règle.
Tranquille comme peuvent l’être ceux qui bénéficient d’une impunité de fait au quotidien, régulièrement dénoncée par Amnesty International.
Tranquille enfin comme l’ami Brice pour qui l’absence de port de cravate semble l’autoriser à régulièrement déraper verbalement, comme encore à Seignosse cet été.
Et si c’était l’intranquillité qui pouvait nous sauver, à l’instar du titre du livre de Fernando Pessoa, « le livre de l’intranquillité » ?
En voici un extrait : “Il chantait, d’une voix très douce, une chanson venue d’un pays lointain. La musique nous rendait familiers les mots inconnus. Cela évoquait le fado pour notre âme, mais ce chant ne lui ressemblait en rien.
La chanson disait, d’après ses phrases voilées et sa mélodie si humaine, des choses qui se trouvent dans l’âme de chacun de nous et que personne ne connaît. Il chantait dans une sorte de somnolence, ignorant du regard les auditeurs, perdu dans une petite extase de coin de rue.
Les gens attroupés l’écoutaient sans moquerie apparente. La chanson appartenait à tout le monde, et les mots quelquefois nous parlaient, secret oriental de quelque race perdue. On n’entendait rien des bruits de la ville, qu’on entendait pourtant, et les carrioles passaient si près que l’une d’elle frôla un pan de ma veste. Mais, si je la sentis, je ne l’entendis pas. Il y avait une intensité dans le chant de l’inconnu qui venait caresser ce qui rêve en nous, ou tente de rêver sans y parvenir. C’était un fait divers de la rue, et nous avons tous aperçu l’agent de police qui venait de tourner lentement au coin de la rue. Il s’est approché avec la même lenteur, et est demeuré immobile derrière le petit vendeur de parapluies, comme s’il apercevait quelque chose. A ce moment, le chanteur s’est arrêté. Personne n’a rien dit. Alors l’agent est intervenu.

06 novembre 2009

Une campagne qui ne manque pas de sel



L’Inpes a lancé début novembre une nouvelle campagne de communication qui vise à alerter les consommateurs sur le fait que de nombreux aliments, bien souvent transformés, contiennent du gras, du sucre ou du sel, sans que cela aille de soi. Des aliments salés contiennent plein de sucre et inversement, sans parler du gras qui se cache bien souvent dans l’allégé…

Une campagne qui répond à des enjeux de santé publique fondamentaux, puisque par exemple l’abus de sel développe de graves problèmes d’hypertension et donc des risques d’AVC.

A titre d’info, la quantité de sel nécessaire à une bonne santé est de l’ordre de 0.5g. par jour alors qu’un individu lambda vivant dans un pays industrialisé et dégustant donc de la nourriture elle aussi industrielle, consomme environ 10g par jour…

Du coup, une question tout conne se pose : mais pourquoi donc les industriels de l’agroalimentaire déversent-ils autant de sel dans leurs produits (fromage, céréales, biscuits, lait en poudre, boissons, chocolat…) ?

La réponse est simple, ce n’est qu’une affaire de gros sous. Le sel retient l’eau, et de ce fait permet d’augmenter sensiblement le poids des aliments (en gros, vous achetez une portion l’eau salée à la place du produit).

De plus, mais c’est un autre sujet, les grands groupes pharmaceutiques sont ravis de cette situation, les médicaments contre la tension étant un business juteux…

Et c’est là que l’histoire dans l’histoire commence.

Le Canard Enchaîné de cette semaine revient sur cette campagne en révélant que le SNPTV (syndicat national des régies publicitaires des chaînes TV) a adressé un courrier au Ministère de la Santé pour l’informer de l’intention des chaînes de télé de boycotter la diffusion des trois films. Relayant ainsi le point de vue des entreprises agroalimentaires et de leur lobby, l’Ania. Une démarche doublée d’une lettre du directeur général de l’alimentation au Ministère de l’Agriculture à l’intention de la directrice de l’Inpes, pour s’élever contre les spots jugés « anxiogènes, confusants et très attaquables sur le plan du respect de la concurrence, puisqu’ils jettent l’opprobre sur quelques produits : ketchup, céréales du petit déjeuner et barres chocolatées ».

Au final, l’opération de lobbying a échoué par crainte de fuites dans la presse. A ce jour, seul le Canard s’est donc fait l’écho de cette histoire.

Et nos grandes marques agroalimentaires de continuer d’invoquer la confiance des consommateurs dans leurs produits toujours plus sains.

Une histoire qui repose les limites du discours de la transparence et de la responsabilité des entreprises.

Qu’en pensez-vous ?

03 novembre 2009

Miles from India



Hier soir, j'étais invité par un ami à la Cité de la Musique pour assister à un concert donné dans le cadre de l'exposition (que je ne peux que vous inviter à aller voir) We Want Miles.
A l'entrée de la Cité, un chapeau caractéristique attira mon regard: c'était bien Marcus Miller.
Bassiste émérite quoique pas forcément celui qui me fait le plus frissonner, Marcus Miller s'illustra au début des années 80 sur quelques albums de Miles Davis, dont le fameux titre Jean Pierre sur l'album We want Miles.
Bref, un bassiste reconnu et sans doute l'un des plus connu du grand public (du moins amateur de jazz).
Seul, presque incognito, sans cour ni fan club, body guard ou attachée de presse affairée, voir l'inévitable bande de potes. Tous les attributs des fausses célébrités qui se rassurent de leur talent par l'importance de leur entourage.
Il se trouva qu'à l'intérieur de la salle, nous nous retrouvâmes assis un rang devant Miller, toujours seul et aussi cool que peut l'être un gars qui n'a plus grand chose à prouver.
La discussion s'engagea naturellement avec lui sur des souvenirs de concerts à Montreux et rapidement, on en vint à évoquer le concert de Jack DeJohnette, qui la veille avait réédité son hommage à Jack Johnson. La première chose qu'avait remarqué Miller était que le guitariste de DeJohnette jouait sur une guitare fretless à double manche. Et de conclure pour saluer la difficulté de l'exercice qu'habituellement "even the animals run away" à l'écoute d'un guitariste fretless!
Ne restait plus qu'à passer à l'exercice de l'autographe sur une vieille photo de Miller et le concert commença.
Une rythmique articulée autour de deux batteries dont Ndugu Chancler, vieux routier des années fusion jazz seventies et de Darryl Jones à la basse. Deux claviers dont l'un adepte de vieux Mini Moog. Nicholas Payton à la trompette ainsi qu'un saxophoniste indien. Et au centre, quatre musiciens indiens, flûte, mandoline, tabla, kanjira -petit tambourin à l'étendue sonore extraordinaire et mridangam (tambour en forme de tonneau).
Et situation amusante au final, se retrouver assis à côté de Marcus Miller et écouter le morceau Jean Pierre avec Darryl Jones à la basse!