L'Oeil du Xeul

"Nous vivons à une époque où le superflu est notre nécessité" O. Wilde

Ma photo
Nom :
Lieu : Paris, France

Alex Gaudin est Planneur Stratégique dans une agence de publicité. Après des études de sociologie sur les Sounds System Techno, part travailler en Afrique du Sud pendant un an, avant de revenir s'investir en France dans le domaine culturel, à travers l'organisation de concerts pour des artistes de jazz. Travaille également pendant dix ans au sein du Montreux Jazz Festival.

30 mai 2008

Photo of the day




















C’est l’histoire d’un mec qui a pris une photo Polaroid par jour pendant 18 années de sa vie.
Une démarche qui allait au-delà du simple passe-temps, qui devait être une sorte d’œuvre artistique, de témoignage sur le temps qui passe, sur ceux qui nous entourent et nous sont chers. Sur tous ces petits trucs qui font qu’une vie vaut la peine d’être vécue.
Une démarche prémonitoire, puisque cet homme, qui s’appelait Jamie Livingston, américain, est mort d’un cancer le jour de son 41e anniversaire, le 25 octobre 1997. Il venait de se marier.
Aujourd’hui, des amis de Livingston ont rassemblé cette masse de photos et les ont mises en ligne.
C’est une plongée dans un passé pas si lointain, de 1979 à 1997, une collection de photos polaroid qui passe en revue la vie d’un homme et de son entourage, les fêtes et les réunions de famille, les sorties entre amis, les parties de pêche et les matches de football, les voyages et les passe-temps, les fous rires et les engagements, les manifestations…
C’est une expérience étrange de contempler ces photos, sur son écran. Le fait de savoir que cet homme est décédé participe bien évidemment à cette étrangeté, à mon sens sans voyeurisme, mais au contraire avec une émotion qui rappelle combien la vie est fragile.
Alors que Polaroid a décidé d’arrêter la fabrication de ses fameuses pellicules et que le papier photo est devenu une rareté, quelles traces pourrons-nous transmettre, dans un monde virtuel où la mémoire numérique se caractérise par sa fragilité et son obsolescence sans cesse renouvelée ?

28 mai 2008

Oups !

















Le site notre-planete.info a eu la bonne idée de faire un papier rassemblant plusieurs graphiques sur la fâcheuse tendance des catastrophes naturelles à aller crescendo.
Ainsi, de 1990 à 1999, 2683 catastrophes ont été recensées.
Et encore mieux, à deux ans de la fin de la décade suivante, 2000-2009, nous en sommes déjà à 3232 catastrophes recensées, avec une très forte sur-représentation des catastrophes hydrométéorologiques. Mais que fait Claude Allègre !
Allez, une petite pub pour faire passer tout ça!

27 mai 2008

Habitudes durables









A écouter les nombreux et juteux sondages sur les Français et le DD, c’est le grand amour.
Ainsi de ce récent sondage en date du 3 avril 2008, réalisé par TNS Sofres, dont les principaux enseignements laissent penser que le DD est devenu une implication quotidienne pour chaque Français : « les Français sont impliqués dans la protection de l'environnement ; ils ont à cœur de préserver l'avenir, les générations futures et l'équilibre social au travers du développement durable ; la notion de développement durable s'est largement diffusée dans le grand public ; plus d'un tiers sont des citoyens engagés à la protection de l'environnement. ».
C’est juste merveilleux, on a l’impression de lire la profession de foi d’un grand groupe industriel dans son rapport annuel de RSE…
Et puis on tombe sur cette étude mondiale menée par National Geographic et la société d’études Globescan, qui vise justement à évaluer les progrès faits par les consommateurs de pays industrialisés sur les enjeux de consommation durable.
Une étude qui a pour principale qualité d'apporter des résultats à la fois plus complets et plus nuancés sur les bons et moins bons côtés de la situation française. La synthèse de la partie française est donc ci-dessous, c'est un peu long mais cela vaut la lecture.
En résumé, y’a du boulot, et qui dit boulot dit emplois à créer sur des marchés encore peu développés.

« FRENCH CONSUMERS: Near the Bottom

Greendex Score: 48.7 (Rank: 12th of 14)

  • French consumers rank third-lowest overall, and lowest among Europeans. They rank 10th of 14 on the housing sub-index. Their homes are relatively large, and nearly all have home heating (95%), nearly a quarter by oil. Fewer than half have insulation in their walls, and just three in 10 have acted to seal up drafts and cracks for more efficient heating or cooling in the past five years, well below average. French consumers are less likely than most others surveyed to have installed energy-saving appliances in their homes in the past five years, and are among the least likely by far to wash their laundry in cold water to save energy (only 12% do all the time). An unusual feature in most European households, home air-conditioning is rare among French consumers (9%, the lowest surveyed). French consumers also get points for minimizing their use of fresh water.
  • French consumers perform relatively poorly on transportation: 62% drive alone daily, the highest measured and just 14% use public transportation daily, among the lowest.
  • Overall, French consumers fall in the middle of the food index. French respondents report high consumption of beef and seafood, and 54% drink bottled water daily, among the highest of countries surveyed. They are well below average in their daily consumption of locally grown food. Together with those in Great Britain and Germany, French consumers report the highest availability of organically raised meats, fruits and vegetables, and coffee and tea. However, people in these countries also report relatively low consumptions of organic foods — the French report the lowest levels of all 14 countries surveyed.
  • On the goods sub-index, French consumers rank near the bottom. While they are among the most likely to practice conventional environmental behavior such as recycling (46% always do) and using their own shopping bags (61%), they are significantly above average in their ownership of items such as dishwashers and motorized landscaping tools (lawnmowers, leaf blowers, etc.). Interestingly, the French are more likely to say they always avoid environmentally unfriendly products (21%) than to say they always buy environmentally friendly ones (10%).
  • Similar to their counterparts in North American and in other European countries surveyed, French consumers indicate below-average concern about environmental problems (25% strongly agree they are concerned). Very few have recently learned something that had an impact on their environmental actions, and they are least likely of all respondents to say they have been encouraged by others to be more environmentally responsible. While they are average or below average on most attitudinal measures of environmental engagement, French consumers are ranked at or near the top in agreeing that we must leave a better environment for future generations, and that the media and advertising are encouraging us to consume far more than is responsible.
  • French consumers are about average on most citizen behaviors measured — like others surveyed, they are fairly unlikely to have attended a demonstration about environmental issues, to base their voting decisions on environmental concerns, or to have written a letter to a company or their government expressing their environmental concerns. Also similar to consumers in other countries, roughly half have sought out more information about environmental issues, talked to others about climate change, or encouraged others to be more environmentally responsible. There was only one behavior in this category in which the French were standouts: they were the least likely of consumers in any country to have volunteered for or donated money to an environmental group.”

Photo: nid géant de Benjamin Verdonck à Rotterdam

23 mai 2008

Bienvenue dans un monde hautement spéculatif!



















Un prix du pétrole qui n'a jamais été aussi élevé, presque deux fois supérieur à ce qu'il était il y a un an. 
L'économiste Marc Touati, bon client des plateaux tv et des radios, tenait hier soir sur France Info sa chronique sur le sujet. 
Son explication témoignait quelque peu de son incrédulité, voire incapacité à expliquer de façon rationnelle les causes de cette flambée. 
Ou plutôt si, il les connaissait trop bien, mais elles étaient durs à avouer. En gros, disait-il, les prix actuels du pétrole sont une aberration économique, car l'offre est supérieure à la demande. Or comme chacun l'a suffisamment entendu, le marché est censé s'auto-réguler par la grâce de la mystique main invisible. 
Mais cela ne marche plus, cette fameuse main reste dans la poche désormais. Et Touati de désigner les affreux coupables, les fonds spéculatifs. 
Ces pirates des temps modernes, attirés tels les grands prédateurs, par l'odeur de l'argent facile, sans considération aucune des conséquences éventuelles de leurs actes. 
Aujourd'hui le pétrole, hier les matières premières alimentaires, et demain ? 
Et Touati de conclure, prouvant par là-même sa croyance renouvelée au système: les prix du pétrole vont continuer de monter, avec son lot de dommages incontrôlables, les prix donc vont continuer de monter, jusqu'à ce que les marchés retrouvent leurs esprits! 
Leurs esprits, nous ramenant par là aux fondements irrationnels du marché, ou plutôt uniquement motivés par l'âpre appât du gain, au détriment de tout le reste.
photo Paolo Woods

20 mai 2008

C'est par là




















On a beaucoup entendu parler ces derniers temps de la présence Chinoise en Afrique, nouvel eldorado pour satisfaire la soif énergétique sans fin du premier.
Mais on en voit rarement des images.
C'est chose réparée avec le portfolio de Paolo Woods, photographe dont le site témoigne de l'ouverture géographique: Iran, Irak, Afghanistan, Russie... Le Monde d'aujourd'hui consacre un long papier au sujet, avec des photos de Paolo Woods...
Autre photographe, Clayton James, qui s'est penché lui sur le drame de Katrina, avec des photos pleines de tact et d'humanité.

19 mai 2008

Plaidoyer pour les sciences molles dans un monde dur








C’est un ouvrage sensible, à la plume littéraire et aux interrogations légitimes que j’ai eu le plaisir de lire la semaine passée.
Dans un univers – celui des études, où c’est plutôt le choc des certitudes et le poids des égos qui sont censés faire brevet de légitimité professionnelle, c’est rafraichissant.
Intitulé Bureau d’études (éd. Les Impressions Nouvelles), l’ouvrage nous entraîne dans les réflexions tantôt amusées tantôt profondes de Christian Gatard, cofondateur du cabinet d’études éponyme.
Entre des anecdotes parfois éclairantes, Gatard nous rappelle à sa formation de sociologue, affirmant à propos des groupes conso, que « la parole dite cache l’essentiel, le non-dit qui dit tout ». Un type de réunion qui nous renvoie à une certaine dictature de la transparence et de la croyance en notre importance personnelle : « il n’y a plus de secrets, il faut que les choses soient dites, et tout peut être dit. Nous entrons dans une ère de transparence ostentatoire. Chacun a besoin de dire, de raconter, de se faire le chroniqueur de soi-même. Il y a une impatience à se dire, une frénésie de dévoilement ». D’où l’importance de percer le dit pour appréhender toute la richesse et la signification du non-dit…
Le livre est aussi l’occasion de découvrir la Réactique transculturelle, pratique Tintinesque s’il en est, qui visait à plonger nos produits de grande consommation au cœur de la jungle du sud-est Asiatique, pour tenter de les voir se réincarner en figurines magiques entre les mains des tribus locales !
« Quand on éteint les lumières des sciences dures, on s’habitue au noir des sciences molles. Avec un peu d’expérience, l’œil se met à voir dans la nuit… ».

15 mai 2008

Le produit, le produit, le produit ! (incantation post-moderne)









Ce matin, et de façon assez inhabituelle, une affiche m’a attiré l’œil.
Une esthétique 50 qui rappelle le bon vieux temps de la réclame, le temps où les marchands de tabac pouvaient mettre en scène des médecins expliquant combien il est bon pour la santé de fumer des cigarettes…
C’est donc une affiche vantant « le produit » et invitant à se rendre sur le site éponyme, le-produit.fr. Où on y découvre quelques spots télé en forme de teasing – il faudra attendre le 21 mai pour savoir de quoi il en retourne (à moins que le petit monde de la blogosphère communicante ne mobilise ses limiers pour nous faire un remake d’Emma je t’aime).
La mécanique des spots relève de l’auto-parodie publicitaire, le temps du mythe de l’objet indispensable, celui qui va bouleverser votre vie en quelque sorte, le cadeau Bonux de la parfaite ménagère et son pendant d’entreprenant mari.
Ça me rappelle aussi le travail de l'artiste Dana Wyse autour des pilules qui vous transforment la vie d'un coup de baguette magique.
C'est presque une campagne présidentielle à la Sarko, le temps des promesses et des miracles possibles.
Espérons que " le produit" soit lui à la hauteur de ses promesses.
Bref, une bonne tranche de pub matinale.

L’art n’est pas démocratique, mais le web un peu plus...






Un papier récent, intitulé Gin, Television and social Surplus, m’a rappelé la position critique de Michael Fallon sur la créativité à tous crins.
Pour Fallon, nous vivons dans un monde où la créativité n’est plus l’apanage de quelques artistes, mais devient au contraire un droit auquel chacun peut aspirer – être créatif, voir un devoir – ne pas l’être conduirait à ne pas être en harmonie avec soi-même.
Sous cette critique qui peut paraître peu progressiste, se cache la question du rôle de la créativité dans nos sociétés développées, à l’heure où tout un chacun, par les miracles de la technologie, peut s’affirmer écrivain, cinéaste, musicien ou que sais-je encore.
Une des dernières classifications à la mode ne parle-t-elle pas des « créatifs culturels », une trouvaille de l’universitaire Richard Florida.
Mais sous cette apparente démocratisation de la créativité, que trouve-t-on ?
Bien souvent, un résultat médiocre, qui insidieusement peut laisser penser que l’art, ou la création, se fout du monde.
Au risque de dévaloriser ceux qui s’attachent à la dureté de l’acte créatif.
Car l’art, enfin, ce n’est pas du DIY !
C’est avant tout un travail de longue haleine, d’efforts renouvelés, de constance intellectuelle et de lucidité. Alors, tous artistes ?

Le papier cité en intro, est quant à lui dans une approche plus optimiste de l’impact de la démocratisation de l’accès aux outils de création et de partage en ligne, quoique traitant d’un sujet un peu différent de celui de la créativité.
La thèse résumée de façon grossière est la suivante : avant, le temps libre était surtout dévoré par la télé.
Mais aujourd’hui, la télé, on la regarde moins. Alors, le temps libre se retrouve absorbé par les nouveaux usages médiatiques : on ne se contente plus de consommer des contenus, on apprécie aussi d’en créer par soi-même et donc de les échanger.
Bref, ce temps peut être utilisé à une foultitude de projets intéressants.
Et c’est là qu’arrive l’idée centrale du raisonnement, assez long tail dans l’esprit : tant bien même 99% des gens continuent de regarder la télé comme avant et n’en font pas plus, 1% des individus décident eux, de faire autre chose que de regarder la tv.
Et ce 1%, à une échelle mondiale d’internautes, cela représente un temps assez considérable à investir. Avec un bel enjeu, réhabiliter la culture de la contribution volontaire. Lire à cet effet le papier de Libé sur l'essor du crowdsourcing.
Et si possible, à faire autre chose que de rêver d’être artiste !

14 mai 2008

Le pêcher de marque









A l’occasion d’une étude réalisée aux USA par Terra Choice qui souligne qu’une vaste majorité des promesses environnementales de marques est inappropriée, inexacte ou vide de substance, il est toujours utile de rappeler quels sont les 6 pêchés capitaux du Greenwashing, qui rappelons le, est l’acte qui vise à tromper le consommateur sur les pratiques environnementales d’une société ou les bénéfices environnementaux d’un produit ou d’un service (empreinte écologique…).
Et cela ne se passe pas qu’aux USA …

13 mai 2008

Retour de promenade













Quelques jours de vacances se sont achevés par une visite au Grand Palais, à l'occasion de Monumenta 2008, investi par le sculpteur Richard Serra. C'est vivement recommandable et s'arrête au 15 juin.
Celui-ci a occupé l'espace de la Grande Nef par un vide qui s'articule autour de 5 grandes plaques d'acier de 17 mètres de hauteur.
Laissons parler l'artiste dans un extrait de l'audioguide de l'expo, qui m'a attiré l'oreille: "Le sujet est l'expérience que vous avez en entrant dans cet espace et en vous y déplaçant. C'est votre expérience de cette œuvre. Ces cinq plaques en acier ne signifient rien... Le véritable contenu de l'œuvre, c'est le spectateur qui se déplace à travers l'œuvre et l'expérience qu'il en a dans la durée. Le temps devient une valeur en lui-même. Ce qui est important ici, c'est que le spectateur se déplace et choisisse où il veut aller, en toute liberté".
Cette déambulation aérée est un intense plaisir spatial.
A l'heure où "l'expérience" est promise comme la gratification ultime d'une marque à un consommateur - qui se verrait ainsi transfigurer en "acteur", il est intéressant de noter que Serra propose lui aussi une "expérience", mais où c'est notre part de spectateur qui amène à l'expérience créative - une perception sans cesse renouvelée de l'espace, dans un cadre quasi absolu de liberté spatiale et temporelle.
Quelles expériences de marques seraient à même de susciter pareille adhésion ?