L'Oeil du Xeul

"Nous vivons à une époque où le superflu est notre nécessité" O. Wilde

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Lieu : Paris, France

Alex Gaudin est Planneur Stratégique dans une agence de publicité. Après des études de sociologie sur les Sounds System Techno, part travailler en Afrique du Sud pendant un an, avant de revenir s'investir en France dans le domaine culturel, à travers l'organisation de concerts pour des artistes de jazz. Travaille également pendant dix ans au sein du Montreux Jazz Festival.

23 février 2007

L'oreille de Camaron



Aujourd'hui, et avant une semaine de vacances sans blog, un peu de flamenco, ou plus précisément de Bulerias.
Un Bulerias, c'est un rythme flamenco rapide, sur douze temps, dont l'origine géographique se situe dans la région de Jerez, dans la province de Cadiz.
Et celà tombe bien, car c'est à Cadiz qu'est né Camaron de la Isla.
C'est en réécoutant Diedo El Cigala en duo avec Bebo Valdes dans le cadre d'une émission de Radio Alligre consacré à Leblase que me sont revenus des souvenirs de Montpellier.
Années étudiantes où je logeais dans un petit studio à Candolle, le quartier gitan du centre ville.
Place Candolle, l'air résonnait souvent des guitares et chants du quartier.
N'étant ni guitariste ni chanteur, je participais à mon niveau à l'animation musicale du quartier en mettant sur la HiFi du Camaron à fond les gamelles.
Et bien évidemment, les gamins débarquaient pour avoir des copies sur K7. Ce que je faisais bien volontiers.
Alors, voici deux vidéos relatives à Camaron. La première, courte mais intense, est un Bulerias chanté par la mère de Camaron, Juana Cruz:



La deuxième est toujours un Bulerias, chanté par Camaron et accompagné par Paco De Lucia.


Tout ça pour m'amener à un film, qui je le constate est le dernier film que j'ai vu au cinéma, Poligono Sur, sorti en 2004...
Réalisé par Dominique Abel, le film nous plonge à Séville, haut lieu du flamenco, dans le quartier de Las Tres Mil Viviendas, une sorte de cité des 3000 à Aulnay sous Bois.
Un quartier qui abrite de nombreux gitans, creuset musical où la création doit chaque jour lutter contre l'environnement pour préserver cette culture. Ou dit autrement, un lieu où la dureté de la vie est à la fois source d'inspiration et menace pour ces traditions musicales.
Le film décrit les efforts pour organiser un grand concert qui rassemblerait toute la population de Séville, au-delà des clivages générationnels ou ethniques et des craintes sur le quartier.
Une approche pleine d'empathie et de sensibilité permet à Dominique Abel de cerner au plus près la vérité d'Etre de ses personnages, avec leurs forces et leurs faiblesses.
Apparemment compliqué à trouver en DVD

22 février 2007

Ce n'est pas la mienne !














Dominique Perben nous l'a annoncé avec trompettes le 10 janvier dernier: l'année 2006 a été marquée par la troisième plus forte baisse des morts sur la route, après celles de 1974 et 2003.
La France est donc passée sous le chiffre symbolique des 5000 morts par an, un chiffre qui reste cependant tout sauf symbolique pour les 4703 morts de l'année, et leur entourage.
Alors, pour célébrer cette baisse historique, les Français ont fêté ça à leur manière et ont sauvagement appuyé sur le champignon en janvier 2007.
Résultat des courses, toujours selon le bon Perben, en janvier 2007: des accidents en hausse de 2%, le nombre de blessés en hausse de 3.1% et les tués en hausse de 13.9% par rapport à janvier 2006...
En fait je fais un peu de mauvais esprit car Perben toujours, explique dans son communiqué que c'est pas la faute aux automobilistes, mais à la météo, défavorable. Ah la vilaine!

Ci-dessous, un petit film de prévention anglo-saxon de 2005, très efficace, qui revient sur les petits excès de vitesse.
Il est difficile de faire de la prévention efficace sur ces petites transgressions que beaucoup pratiquent, les jugeant inoffensives ces petites infractions qui font perdre des points du permis à des individus qui disent « n’être un danger pour personne » et ne se considèrent pas comme des chauffards…
Un article du Monde du 10 novembre 2006 sur les stages de récup à points illustrait bien le problème en un paragraphe: « Le notaire ignore les feux rouges mais estime "criminel" de rouler à 220 sur l'autoroute. L'avocat roule à 130 "seulement sur autoroute, pas sur les nationales, je ne suis pas fou". Le jeune patron qui s'est fait prendre à 220 ("chaque fois par beau temps, sur une autoroute vide et en ligne droite, je ne suis pas fou") est aussi motard dans Paris et fustige "les fous" qui se permettent de brûler les feux rouges. Il assure savoir conduire très concentré tout en téléphonant avec le "kit mains libres". La vendeuse de jouets et de bonbons, punie pour de "minuscules" excès de vitesse, trouve "complètement inconscient" de conduire en téléphonant, pire, après avoir bu »...

21 février 2007

Histoires d'étiquettes



96% des Français en consomment, dont un sur deux quotidiennement.

C'est un marché de plus de 6 milliards d'euros, où un bon millier de références coexistent.

C'est le marché du fromage !

Avec pour tiercé gagnant dans l'ordre préféré des français: l'emmental (souvent rapé), le camenbert et le coulommiers.

Arrêtons nous sur le camenbert. Si l'appelation fromage est strictement réglementée, il n'en est rien de l'appelation camenbert. Autrement dit, les caractéristiques gustatives qui font la renommée et l'attrait du camenbert ont peu de chances de se retrouver dans l'offre courante.
Le camenbert en France, c'est Président, leader du marché avec pas loin de 30% du marché, suivi de Coeur de Lion avec environ 20%.
Le seul petit hic, c'est qu'on pourrait paraphraser Magritte et dire "Ceci n'est pas un camenbert".
Car l'unique dénomination qui vaille pour authentifier un véritable camenbert est "camenbert de Normandie au lait cru et moulé à la louche", c'est à dire une Appelation d'Origine Contrôlée.
Or les Français, des camenberts AOC, ils en consomment en moyenne un demi par an et par personne !
C'est en tout cas ce qu'affirmait un chercheur de l'Inra dans l'émission C dans l'air sur France 5 il y a une quinzaine de jours. Bref, y' a camenbert et camenbert...


Deuxième histoire d'étiquettes, et toujours découverte à la télé (comme quoi, on n'y perd pas toujours, mais souvent son temps à la regarder).
Dans un reportage sur les métiers du luxe sur France 3, on découvrait avec Patrick-Louis Vuitton, responsable des commandes spéciales chez Vuitton (on peut en voir une belle collection sur le site, dans la rubrique Commandes Spéciales - Du passé au présent) la valise du grand-père, recouverte d'étiquettes des Palaces fréquentés à l'époque par celui-ci.
Et l'anecdote, plaisante, est la suivante, racontée par le petit-fils: les étiquettes posées par les grooms des palaces sur les valises des clients indiquaient par leur emplacement la supposée générosité ou pingrerie du client pour le service.
Ainsi, deux étiquettes de part et d'autre de la poignée centrale indiquaient un client généreux en pourboire. Ce qui était à priori le cas du grand-père Vuitton...

20 février 2007

"Envoyé spécial" à moindre coût...



La presse papier est concurrencée un peu plus chaque jour par un double phénomène: l'impact des technologies numériques sur les modes de production et de diffusion de l'information, et un phénomène plus récent de délocalisation des compétences.

Si la presse papier est aujourd'hui confrontée de plein fouet à ce double phénomène, c'est avant tout dans une optique de réduction des coûts.

Face au développement d'une info faussement gratuite (faussement car quand le support est gratuit, c'est qu'il est plein de pub et la pub a souvent une incidence sur le contenu éditorial d'un titre...) et à la concurrence de l'info accessible en ligne, les quotidiens cherchent tous à réduire leurs coûts tout en optimisant la production et la diffusion des contenus sur une multiplicité de supports.
La première étape, observée depuis un certain temps dans les pays anglo-saxons, consiste à réorganiser les ressources journalistiques autour de pôles de production: les journalistes sont astreints à la production de contenus multimédias, qui sont ensuite diffusés sur papier, internet, podcast, etc.
La deuxième étape, toujours dans une logique de réduction des coûts, mais aussi pour suivre un lectorat toujours plus mobile et volatil, consiste à tester le journal sur feuille électronique. Les Echos testent actuellement cette formule. Une vingtaine de titres dans le monde travaillent à des projets similaires.
Enfin, troisième étape, peut-être la plus extrême, et relatée dans un article italien repris par Courrier International: la délocalisation des compétences rédactionnelles!
On savait que c'était déjà le cas dans les jeux vidéo .
Pratiquement, il s'agit de sous-traiter la rédaction de rubriques ou d'articles à une main-d'oeuvre à bas prix.
L'Inde est le grand champion de ce type de prestations: après l'externalisation des services comptables, informatiques, etc, des sociétés comme Cicada Media ou HiTech Export proposent la rédaction de rubriques à distance.
Et s'il s'agit d'une rubrique locale, pas de problème, Google Maps à portée de souris, le journaliste Indien sera en mesure de vous parler des prochaines émeutes en banlieues comme s'il y était!
A quand la délocalisation des ressources stratégiques, créatives et commerciales des agences de pub non compétitives ?
Et quand les lecteurs seront fauchés, faute de salaires décents pour réduire les coûts, pas grave, on ira chercher des lecteurs en Inde...

19 février 2007

L'homme de la rupture tranquille



Chez Sarkozy, on trouve de tout.
En visitant son site de campagne, je suis tombé sur la boutique des Amis de Nicolas Sarkozy.
Et effectivement, tout devient possible avec Sarko! Les amateurs de sac, sacoche, trousse, sweat-shirt, tee-shirt et tablier, avec ou sans photo, y trouveront leur compte...C'est digne du merchandising d'un club de foot.
Question culture, il faut se rabattre sur un seul ouvrage, Témoignage, qui ne figure malheureusement pas dans les meilleures ventes du site.
Ce cher Nicolas n'avait pas 21 ans qu'il était déjà délégué national des jeunes du RPR. On était alors en 1977, il y a trente ans...
A 28 ans, il devient maire de Neuilly.
Député à 34 ans, etc.
Ce qui m'a toujours épaté, c'est ces hommes politiques qui se vantent de connaître la France profonde, et qui n'ont connu du monde du travail que strapontins ministériels et mandats législatifs.
Se positionnant comme une alternative au RPR version Chirac, Sarkozy est pourtant depuis longtemps l'une des chevilles ouvrières de ce parti.
Et sous couvert d'emprunts aux grandes figures historiques de la gauche (travail confié à l'une de ses plumes, Henri Guaino), Sarkozy se fait le chantre d'un libéralisme plus thatchérien que jaurésien.
En attendant la venue maintes fois repoussée de Sarkozy à Argenteuil ou dans une autre banlieue riante, on peut toujours aller relire le papier sous signature commune paru dans Libé sur les vrais visages du père Sarko.



16 février 2007

Chic 'n' Toc











Les imprimantes, c'est un peu comme les rasoirs: l'imprimante coûte rarement très cher, étant vendue quasiment à prix coûtant (comme un manche de rasoir) mais les cartouches sont hors de prix (comme les lames).
Ce bon vieux principe de marketing est particulièrement vrai sur le marché des imprimantes: un article récent du Monde soulignait les prix faramineux au litre de l'encre d'imprimante - en moyenne 1500 euros, avec une amplitude de prix allant de 615 à 3800 euros selon les marques et modèles.
Dans ce contexte, la démarche de Kodak est intéressante. Laminé par l'effondrement du tirage argentique, le géant américain a dû changer radicalement de business model, pour tout miser sur le numérique.
Dans cette optique, et à l'encontre de ses concurrents qui font leurs marges sur l'encre, Kodak mise sur une nouvelle gamme d'imprimantes-fax-scanner, la Easy Share All in One, qui permet d'économiser jusqu'à 50% sur le prix des cartouches. Et de réduire ainsi le coût d'impression de photos.
En proposant une imprimante au coût de fonctionnement plus économique, Kodak espère lever un frein à l'impression à domicile: le prix élevé des cartouches. Et essayer de prendre 1% du marché des imprimantes à jet d'encre.

J'avais gratté un petit papier en mai 05 sur la démarche de la marque hollandaise FakeWear qui proposait des faux sacs Vuitton estampillés d'un gros FAKE. L'expérience a duré un peu moins de deux ans puisque Vuitton a fini par demander à Béa Correa de cesser la commercialisation de ces produits.
Je pense que certains des sacs qui ont été commercialisés durant cette période vont finir par se retrouver au prix fort sur eBay. Chic et Toc, le nec plus ultra de la tendance !

Et pour finir cette semaine, un petit film dégotté sur le blog d'un planneur anglais, et qui montre que les Norvégiens ne manquent pas d'humour.

15 février 2007

Le bonheur low-cost pour tous ?



Marketing Magazine de février propose un long papier sur le bonheur, titré "Le bonheur sous pression".

Partant du constat que l'aspiration au bonheur est devenu un impératif social, voire un modèle économique dans nos sociétés, le magazine interroge plusieurs universitaires et professionnels de la communication sur le sujet.

Pour Stéphanie Jolivot, DGA de MediaEdge:CIA, "le bonheur est devenu un modèle économique à part entière et le terrorisme du bonheur déferle sur les sociétés modernes". Bigre! Quant à Monique Large, du cabinet Dezinéo, "cette recherche du bonheur est étanchée en surface par une consommation boulimique d'instants de plaisirs". Gilles Lipovetsky se demande si le fait de consommer trois fois plus d'énergie (voir post sur les écrans plats) nous rend pour autant trois fois plus heureux...

Le plus virulent - ou lucide des intervenants étant l'universitaire Jean Salem qui dénonce une dictature du "bonheur guimauve": "une nébuleuse [...] qui les téléporte vers un Disneyland idéologique dans lequel un bonheur presque exclusivement privé fait d'égotisme, d'adrénaline, et accessoirement de sagesse à deux sous, tient le rôle de bouée de sauvetage".

Et d'enfoncer le clou: "La Lunaparkisation de grands pans des sociétés développées, la dissolution des êtres humains dans l'animalité festive, les gros et gras bonheurs de la fiesta, l'univers du stroboscope et du synthétiseur, les soirées télévisées confiées à quelques schtroumpfs caritatifs qu'accompagnent des rires enregistrés, la chape de foot qui est tombée sur ce monde de plomb: ce sont là quelques uns des symptômes les plus "ludiques" et les plus "conviviaux" d'une époque qui finira bien par s'achever". Arrêtez le massacre!

Et pourtant, tous les sondages indiquent que les Français nagent dans le bonheur.
En décembre 2005, un sondage réalisé par CSA pour Challenges magazine nous apprend que 84% des français se déclaraient heureux.
Heureux au point que plus de trois millions de français sont aujourd'hui atteints de dépression, 20 millions à l'échelle européenne, comme le souligne un article des Echos.
Bref, le bonheur par la consommation et l'avoir va devoir laisser un peu plus de place à l'être. Pour paraphraser Hulot, un peu moins de biens pour un peu plus de liens.

14 février 2007

Ensemble, tout devient possible...





















Résumons.
A ma gauche, un article du Figaro en date du 9 février, titré Les écrans plats inondent la France.
Claude Floch, directeur de la société d'études GfK, y précise qu'en 2006 "pour la première fois, il s'est vendu autant d'écrans plats que d'écrans à tube cathodique". C'est donc 2.7 millions d'écrans plats qui ont été vendus en France en 2006, soit une hausse de 11%. Question technologie, c'est le LCD qui l'emporte sur le plasma. Et question explications de cette flambée, la Coupe du Monde n'y est pas pour rien. Ah voir Zizou en HD... Ainsi que le phénomène d'économie d'échelle qui permet de proposer des téléviseurs toujours plus grands et toujours moins chers.

A ma droite, un article paru dans Novethic qui présente la même info, mais comment dire, avec un angle légèrement différent: "Tv: les écrans plats anéantissent 15 ans d'efficacité énergétique".
La raison est toute simple: "la consommation d'un téléviseur ordinaire est en moyenne de 160kWh par an. Avec le plasma ou les dalles LCD, on grimpe à 650 kWh/an." d'après Olivier Sidler du cabinet Enertech, en charge de la mesure en France du projet européen REMODECE
qui vise à évaluer la progression de l'efficacité énergétique des appareils audiovisuels.
Plus l'écran est grand plus la consommation est importante.

Enfin au centre, un sondage réalisé en 2006 par Eticity et l'Ademe souligne que 6 français sur 10 se disent sensibilisés au thème du Développement Durable et seraient même prêts à agir en conséquences...

Je me dit donc: on marche sur la tête! Des industriels qui fabriquent des téléviseurs toujours plus gourmands en énergie, des consommateurs qui se ruent sur les écrans plats - à une échelle mondiale, et enfin ce fameux DD qui serait au coeur des préocuppations !

Alors que faire ? Continuer à produire plus pour consommer davantage ? Et aller dans le mur à l'horizon d'une ou deux générations: nos enfants ou les leurs. Qui sera alors le nouveau Denis Jeambar pour écrire "Nos enfants nous haïront" ?

Ou alors faut-il faire pression sur ces industriels pour les obliger à fabriquer des appareils moins gourmands ? Car fabriquer des produits durables, ce n'est pas une utopie en soi. Les initiatives et bonnes volontés ne manquent pas sur ce sujet. C'est avant tout une question de rapport de force entre consommateurs et entreprises. Rare sont en effet les patrons, comme par exemple ceux de Schneider ou Lafarge, à avoir récemment pris position entre autres sur le Pacte Ecologique.
Voilà.

13 février 2007

Musique !



Face au constat d'une publicité jugée banale et envahissante par plus de deux français sur trois, la musique reste un vecteur d'émotions fortement privilégié dans la production publicitaire.
Alors, voici deux exemples de pubs plus ou moins récentes où tout repose sur l'utilisation de la musique:



J'aime particulièrement cette pub pour le San Francisco Jazz Festival.
Au-delà du pur effet comique, l'efficacité du spot repose sur la stratégie d'inversion du lieu commun "dis moi ce que tu écoutes et je te dirais qui tu es" en "dis moi qui tu es et je te dirais ce que tu écoutes", pour en montrer les limites.
Ainsi, s'il fallait proposer une bande-son pour accompagner ces trois jeunes en décapotable, la convention voudrait qu'ils écoutent du rap. Manque de pot, ils écoutent du jazz.
Et si le rap résonne à la vue du jeune "pedestrian", c'est pour mieux réaffirmer la force des étiquettes sociales tout en soulignant leur fréquente inexactitude...

Deuxième exemple avec cette pub récente de Nike.



Là encore, l'efficacité de cette pub repose en grande partie sur la tension entre deux univers apparemment inconciliables: le basket-ball comme incarnation d'une certaine culture américaine face à un extrait du Requiem de Mozart, incarnation de la culture noble à l'européenne.
Réalisée par W+K, la pub met en scène les dernières secondes d'un match à travers une contre-attaque qui fait passer le score de 62-61 à 62-63. Ce qui est très fort, c'est la tension qui se crée entre d'une part la force émotionnelle de la musique qui donne toute son intensité à la scène et d'autre part le décalage profond entre le rythme lent et majestueux de la musique face à la rapidité de l'action sportive. Le tout étant superbement produit.

Voilà donc deux approches assez différentes de l'utilisation de musique mais qui ont pour point commun une efficacité renforcée.

12 février 2007

Boum marketing



Deux exemples de communication détonantes.

A ma gauche et en provenance des USA, une opération de street marketing menée dans les rues de Boston et d'autres grandes villes pour promouvoir un dessin animé pour adultes, Aqua Teen Hunger Force.
La fine équipe chargée de la promotion a installé dans différents lieux de la ville des petits personnages magnétiques et équipés de LED. Personnages qui reprenaient la forme d'un des héros du Comic. La vidéo de la préparation du dispositif a bien évidemment été diffusée sur Youtube.
Au final, un énième dispositif qui reprenait une technique jusque là plutôt employée par les artistes de rue et autres activistes visuels -il serait d'ailleurs intéressant de se plonger sur le phénomène permanent de récupération par la publicité de dispositifs et techniques crées par des "alters" en tous genres, mais c'est une autre histoire.
Le hic, c'est qu'aux US, la psychose sécuritaire veille, à tort ou plutôt à raison d'ailleurs au vu de la grande réussite qu'est la politique étrangère US (encore un autre sujet).
Des voisins prévenants ou des policiers vigilants ont donc cru voir dans ce dispositif un vaste complot terroriste visant à faire exploser des charges explosives dans Boston.
Ni une ni deux, l'alerte a été déclenchée, barrages policiers à la Blues Brothers et tout le tralala.
Le maire de Boston se réservant au passage le droit d'attaquer Turner Broadcasting...
Bref, faire du street marketing au US peut devenir une activité risquée. Et au passage, une confirmation que le viral ne se planifie pas à l'avance mais reste étroitement lié à une certaine perte de contrôle...

Et à ma droite, une autre opération de street marketing, tout aussi explosive et en provenance du Danemark. Saatchi & Saatchi a orchestré une opération pour Quicksilver qui consistait à filmer le lancer des trois batons de dynamite dans une rivière, explosion créant une vague permettant à deux trois lascars de surfer. Vidéo bien évidemment mise en ligne sur Youtube et au final une vraie-fausse bonne idée: creéer des explosions sub-aquatiques a un impact environnemental plus que nocif pour les poissons et autres bestioles sous-marines.
D'ailleurs, une partie des consommateurs de la marque ne s'y sont pas trompés et ont fait savoir sur les blogs et autres forums leur désapprobation face à cette opération.

L'adage "en bien ou en mal, l'important c'est qu'on en parle" semble être chaque jour un peu moins vrai pour les marques.

09 février 2007

Diamonds are a Guerilla's Best Friend ?



Le film Blood Diamond revient sur le conflit civil qui a ensanglanté la Sierra Léone dans la fin des années 90. Conflit où les rebelles du RUF qui s'opposaient au gouvernement (et aux elections en imposant à coups de machette le fameux "manches longues ou manches courtes"), ont financé leurs achats d'armes par la vente illégale de diamants.
Le film sortant fin 2006, les acteurs clés du commerce de diamants se sont mobilisés pour expliquer que tout ceci est de l'histoire ancienne depuis qu'a été mis en place un processus, dit de Kimberley, et qui prévoit la mise en place de mesures de traçabilité des gemmes attestant de leur caractère "propre".
Toute la question est donc de savoir si les guerres et mouvements de guerilla actuels, tant en Angola qu'au Libéria, mais aussi en Côte d'Ivoire ou en RDC s'appuient toujours sur la vente illégale de diamants pour financer leurs luttes.
Du côté des ONG et organisations comme Amnesty, la réponse est oui.
Du côté des producteurs officiels et acteurs internationaux du diamant, représentés au sein du World Diamond Council, la réponse est non.
Et pour le prouver, les seconds ont monté une vaste opération de communication, appuyée entre autre sur un site. Qui cherche à valoriser l'impact positif de la filière diamants sur la vie quotidienne des habitants de pays producteurs. Et d'affirmer "qu'aujourd'hui, plus de 99 % des diamants vendus dans le monde sont certifiés comme provenant de pays en paix et officiellement négociés dans le cadre du Processus de Kimberley mandaté par l'ONU".
Alors qui croire ?
Un peu de musique pour détendre l'atmosphère...




08 février 2007

Dites Ouaf !



Commençons par quelques chiffres, ça fait toujours son effet: un système qui a mobilisé 6000 ingénieurs pour son développement, et qui compte au bas mot 50 millions de lignes de code, un budget marketing mondial de 500 millions de dollars, 4000 enseignes transformées en partenaires de choc et pas moins de deux mille salariés français du groupe - forcément volontaires, déployés en magasins pour faire le coup de la démo...

De nombreuses soirées ont été organisées pour les institutionnels, collectivités locales, directeurs informatiques de grandes et petites sociétés, blogueurs "influenceurs", etc, etc. Mais on découvre aussi des blogs de fans - anonymes, de Vista qui s'évertuent à faire un travail de RP anti-Linux et pro-Windows.
Et une campagne publicitaire très méthode Coué, sur le principe "dites Wouah"...
Pour au final un gain espéré d'un milliard de dollars de revenus supplémentaires dès 2007.
Le nouveau système d'exploitation de Windows, Vista, est donc l'événement du moment.
Mais au-delà de l'aspect toujours impressionnant de la mécanique marketing mis en place, qu'apporte réellement de nouveau Vista ?
Le principal argument avancé est la sécurité du système: ce serait le système le plus sûr du monde. Venant d'une entreprise réputée pour la perméabilité de ces systèmes, cette proclamation de foi est presque un défi aux hackers!
Apple s'est d'ailleurs immédiatement emparé de cet argument pour le mettre en scène dans sa désormais traditionnelle saga I'm a Mac, I'm a PC.
Mais au final, quoi de neuf ? Le système ne peut tourner que sur les machines les plus récentes et puissantes, car 50 millions de lignes de code à faire tourner...
Etant utilisateur de Mac à la maison, j'ai l'impression en voyant Vista de retrouver les premières versions d'OS X.
Etant utilisateur d'un PC au taf, je me dis: vivement le télétravail! Alors que Microsoft répond aux besoins des consommateurs, Apple les fait rêver.


07 février 2007

Cool brands



Interbrand, société spécialisée dans les questions de gestion de marques, fait paraître chaque année une étude réalisée auprès de ses lecteurs, et qui classe les marques en fonction de leur pertinence auprès des consommateurs.

Le choix 2006 des lecteurs d'Interbrand est donc le suivant: Google, Apple, Youtube, Wikipedia, Starbucks.

Il est intéressant de se demander quelles sont les valeurs communes à ces marques, car elles sont aujourd'hui porteuses de sens pour les consommateurs.

Google, dont l'image cool ne semble pas souffrir - encore - de son importance inexorablement croissante sur le Net, véhicule des valeurs de gratuité, de facilité d'usage et d'ubiquité à travers sa capacité à développer sans cesse de nouveaux services/applications.

Apple joue depuis longtemps la carte du cool en ayant résolu l'apparente contradiction entre informatique et concivialité. La sortie de ces nouvelles gammes d'ordinateurs équipés de processeurs Intel, et plus récemment de l'iPhone, assurent à Apple une image de challenger permanent et de créateur innovant.

Youtube, révélation de 2006, a assis son succès sur une idée d'une simplicité désarmante: permettre l'hébergement et le partage gratuit de vidéos en ligne, devenant par là un média à part entière.

Wikipedia, dont le succès ne se dément pas, fonctionne sur la mise à disposition gratuite des compétences et connaissances des internautes, un idéal de modèle collaboratif.

Quant à Starbucks, ses dernières initiatives illustrent la métamorphose d'un vendeur de café en réseau social et culturel.

Finalement, les points communs à toutes ces marques sont: la capacité à proposer une "expérience de marque" à l'usager; la simplicité d'usage; la possibilité de customiser, d'adapter l'outil à ses besoins et enfin et non des moindres: offrir aux consommateurs des outils permettant de créer et de partager.

06 février 2007

DiscountBowl



















Chaque année, le SuperBowl est autant attendu par les amateurs de football américain que par les amateurs de bonnes pubs.
Après visualisation des pubs passées, le moins que l'on puisse dire est que les premiers sont sans doute plus heureux que les seconds.

Quels enseignements ?
Un, des annonceurs comme Procter & Gamble et Unilever ne sont plus prêts à signer un énorme chèque pour pouvoir bénéficier de 30 ou 60 secondes d'antenne. Une décision qui souligne l'érosion du lien de causalité entre audience de masse et efficacité commerciale, ou du moins image de marque.

Deux, de nombreux annonceurs ont joué la carte du user-generated ad: de nombreux dispositifs on et offline invitaient les consommateurs à donner leur propre vision de la marque. On constate que l'écart entre une pub de professionnels et une pub de consommateurs se réduit également. Du soucis à se faire pour les agences qui ne prendront pas assez vite conscience des changements à l'oeuvre dans la communication de marques.

Trois, la plupart des annonceurs présents essayent d'amortir leurs investissements en déployant un dispositif pluri-médias pour accroitre la durée de vie du spot tv et toucher des consommateurs de façon plus fine.

Quatre, s'il fallait décerner une médaille, ce serait à Snickers, qui non seulement a fait une pub très marrante (visible ci-dessous), mais propose dans la continuité un site où les internautes sont invités à choisir parmi quatre fin possibles, leur préférée. Celle qui remportera les suffrages sera diffusée pour le Grand prix Daytona 500 sur Fox.




05 février 2007

Cultures itinérantes



















Un reportage sur les gardes-boues peints des rickshaw indiens, un autre sur l'architecture des magasins de nouilles à Hong Kong, ou encore un sur la transformation du mobile home en maison permanente à la frontière entre l'Arizona et le Mexique.
Tels sont quelques uns des étonnants reportages photos que présente Polarinertia, un journal en ligne des cultures populaires et nomades. Ainsi que des archives qui remontent jusqu'en 2002.
Un site précieux pour tous les amateurs de virées dépaysantes sans pourr autant être "touristiques".

visuel: Sameena Sitabkhan

02 février 2007

Le sentir bon pour tous ?



C'est le journal The Onion qui revient sur une initiative récente de Chanel: la conception d'un parfum spécifiquement conçu pour les pays émergents et à un prix accessible.

Au chapitre des spécificités, le parfum doit en effet répondre à un cahier des charges sévères car contrairement au pékin moyen occidental, l'utilisateur de ce parfum vit dans des environements où il peut être exposé à: "dirt, grime, polluted water, past-date U.N. powdered milk, blood, gun smoke, urine, tears, flaming oil, aggressively amorous warlords, land mines, and the effects of decomposition"...

Le jus du Chanel N° 3, puisque c'est son nom, est donc conçu à partir de notes de coco, citron, épices, etc.
Cette initiative, qui postule que sentir bon ne doit pas être un privilège réservé à quelques uns, mais un droit pour tous, soulève également quelques protestations.
Un couturier s'interroge ainsi de savoir si l'accès à des vêtements décents ne srait pas plus pertinent qu'un parfum ?
On peut aussi raisonnablement voir dans cette opération les prémisses de l'extension du marché du luxe de masse aux pays émergents.
Car en effet, face à la relative stagnation du niveau de vie des habitants des pays occidentaux, tous les grands industriels, P&G, Danone et autres, se tournent avec intérêt vers les marchés émergents, Chine, Inde et pays d'Afrique.
Dès lors, l'argument "humanitaire" sert bien souvent de cache-misère à ce qui est en réalité un important phénomène de fond et d'une ampleur dont on mesure encore assez peu les conséquences: le basculement géographique du modèle de société de consommation de masse vers les pays émergents.
Pour revenir au Chanel N°3, les premières cargaisons effectuées en Ouganda ont été détournées par les seigneurs de guerre locaux qui se sont empressés de les revendre au marché noir et acheter ainsi ce qui reste une valeur sûre là-bas: des armes de guerre...

01 février 2007

462



Ce billet, 462 eme de la série, clôt la deuxième année d'exercice de ce blog, débuté en février 2005.
462 occasions de parler de tout et de n'importe quoi.
Si possible avec humour et sans faire insulte à l'intelligence de mes lecteurs.
462 occasions de parler de soi en parlant d'autre chose, pour ne surtout pas avoir à parler de soi.
462 occasions de se pâmer, de pousser des coups de gueule ou d'admiration.
462 occasions de partager, d'échanger, d'apprendre et de faire découvrir.
462 occasions de regarder le monde, notre monde, dans ses aspects les plus déprimants mais aussi les plus réjouissants ou futiles.
462 occasions qui ont généré plus de 25 000 visites et 46 000 pages vues.
462 occasions qui m'ont permis de gagner un iMac, mais aussi et surtout de découvrir et rencontrer d'autres personnages, talents cachés - et c'est tant mieux, sources d'inspirations et d'enrichissement.
Merci à moi de persévérer, merci à vous de continuer de me lire.
Demain, je vous parlerais de l'initiative de Chanel dans le Tiers Monde...
illustration: Banksy.